Racines burgondes
Pas grand chose à faire dans la capitale ivoirienne pendant les vacances scolaires. Petit Mari ne prenant pas de jour, un billet de retour qui serait perdu si on ne l'utilise pas, les copines en vadrouille ou presque...voilà de bonnes raisons de revenir quelques jours au frais. Mais pas au ski, plutôt dans le fief familial et quelques jours à Paris.
Les journées sont belles, la température clémente. Après le déjeuner dominical, la balade s'impose. Des bottes, un gros pull, des lunettes de soleil et mon apn.
Les températures supérieures à 10 degrés de ces derniers jours ont fait éclater les bourgeons. Les premiers arbres fruitiers sont en fleurs, les phorsysia jaunissent. Il est temps d'en couper quelques branches pour le salon...
Le ciel est bien bleu...
Dans la famille, on n'aime pas trop les vaches...lors de la sacro-sainte cueillette des mûres, (dont les plus grosses sont toujours dans les haies à l'intérieur des champs), on n'est jamais tranquille...toujours peur que le troupeau vienne voir de plus près ce que l'on fait...
En hiver, les grosses bêtes sont dans les étables. Les champs sont à nous...
Quel plaisir de marcher dans l'herbe, certes plus que spongieuse, de sentir le bois mouillé, de regarder la vue et les arbres nus. Vous me direz que vous voyez cela depuis de longs mois déjà, mais ne plus avoir de saison est déroutant.
A l'approche du petit bois sur la colline, j'entends des éclats de rire : les deux cousines qui se sont retrouvées la veille font les folles. Pour les rejoindre, je dois traverser le ruisseau, et surtout passer par dessus les barbelés. Franche rigolade !
C'est en habitant en Afrique, ou tout autre pays, que l'on prend conscience que certains détails de notre vie française nous manquent : déjeuner en terrasse, le changement de saison, marcher dans la forêt, sentir l'odeur des feuilles mortes, de la terre mouillée, de la mousse.
Je laisse les filles discuter au soleil et grimpe en haut de la butte. J'espère avoir une belle vue du sommet, et pourquoi pas voir le Mont Blanc à la faveur de l'air pur. Car oui...de mon petit village bourguignon, on aperçoit la chaîne du Mont Blanc par temps clair.
A défaut de montagne, je me retrouve en haut d'une piste ! Pas de station par ici, mais une piste de luge parfaite s'il neige un peu. La lumière s'adoucit, les ombres s'allongent il est temps de rentrer. Les filles sont loin, je les entends de l'autre côté de la rivière qu'elles ont retraversée. Il faut que je fasse de même, mais la pente qui longe le cours d'eau est trop abrupte. Je passerai par la ferme plus bas. Je n'aime pas les animaux, c'est un fait. Alors des chiens qui aboient à l'approche des bâtiments me terrorisent. Il faut donc que je fasse un grand tour, à la recherche de la barrière du champ.
Il a beaucoup plu depuis trois mois, les champs sont de vrais marécages. Petit exercice d'équilibre à marcher que sur les mottes d'herbe et d'ajoncs coupés. Une vraie galère ! peur de me vautrer, mon apn à la main.
Je retrouve finalement la terre ferme, le chemin...encore un champ detrempe, le mur de la maison. Juste à temps pour le coucher du soleil toujours aussi beau.
Cette balade de deux petites heures m'a renouée avec ma terre, mes racines, mon ancrage. Il n'y a rien de meilleur quand on parcourt le monde.
J'aime voyager, mais j'aime aussi m'arrêter pour me ressourcer.